Sept militants anti-esclavagistes en Mauritanie, arrêtés lundi après une manifestation dénonçant deux cas présumés d'esclavage à Nouakchott, ont été déférés mercredi au parquet, a-t-on appris de sources judiciaire et humanitaire.
"Sept de nos camarades ont été déférés devant la justice", a annoncé l'un des responsables de l'organisation Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira), Mohamed Ould Mahmoud, au cours d'une conférence de presse. Une source judiciaire a confirmé cette information.
Parmi les personnes déférées, figure le dirigeant de l'organisation Ira, Biram Ould Dah Ould Abeid.
"Nous disons aux autorités que rien ne changera si Biram est emprisonné ou tué. Nous sommes tous des Biram et son combat continuera, avec ou sans lui", a lancé devant la presse M. Ould Mahmoud.
Il a affirmé que le dirigeant d'Ira avait été "blessé au crâne et au genoux" et a averti qu'il tiendrait les autorités responsables de sa santé. Il a également rejeté les accusations de racisme et de haine proférées contre lui.
"Il n'est pas raciste et ne cherche pas la guerre civile, ce pour quoi il se bat n'est autre que l'égalité de tous dans ce pays", a-t-il plaidé.
La police avait affirmé que "M. Ould Dah et ses amis s'étaient attaqués aux forces de l'ordre dont ils avaient blessé six représentants" et "avaient saccagé le commissariat, proférant des propos racistes et injurieux". Des photos de policiers blessés par des "jets de pierres et objets tranchants utilisés par les manifestants" anti-esclavagistes avaient été distribués aux médias.
Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme et partis politiques d'opposition ont dénoncé, mercredi, dans des communiqués, les arrestations de ces militants et réclamé leur remise en liberté.
Les manifestants arrêtés avaient dénoncé deux cas présumés d'esclavage contre "deux fillettes mineures, l'une de 9 ans et l'autre de 13 ans".
"La police a arrêté les personnes accusées d'esclavage et poursuit son enquête dans cette affaire" a indiqué à l'AFP une source policière.
M. Ould Dah est connu pour ses positions dénonçant "le caractère esclavagiste de la société maure" et ses critiques des érudits musulmans qu'il accuse d'être responsables de la pérennisation de l'esclavage dans certaines parties du pays.
Le mois dernier, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines de l'esclavage avait déclaré à Nouakchott que "des cas d'esclavage très graves existaient encore" en Mauritanie, pays où cette pratique est pourtant officiellement abolie depuis 1981.
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